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Juste respecter les règles normales, les bonnes pratiques et éviter des tragédies évitables

14 novembre 2014 - Mots-clés : bmr   dépistage   infections   santé publique  

Deux affaires tragiques, l’une dans l’actualité l’autre devant un tribunal de grande instance, ont marqué l’actualité médicale de cette semaine.

Il semble bien que l’une comme l’autre aurait du être évitée si les médecins en cause avaient juste fait leur travail normalement.

À Metz, c’est un jeune enfant qui arrive aux urgences d’un établissement de santé pour une suspicion d’appendicectomie. Des examens sont faits, l’intervention à ce moment là n’est pas estimée utile, en revanche l’enfant doit être mis sous traitement antibiotiques. L’enfant est renvoyé chez lui. Normalement il doit quitter l’hôpital avec sa prescription d’antibiotiques, au lieu de quoi, il est renvoyé chez son médecin traitant pour avoir sa prescription !
Mais impossible, le médecin n’est pas libre et l’état de l’enfant, resté sans antibiotiques, s’aggrave. Les parents le conduisent en clinique pour une nouvelle consultation, il est alors opéré, et il en décède.

S’agit-il d’une erreur ? s’agit-il d’un aléa ? L’expertise le dira, mais on est en droit de penser que si le médecin qui avait en charge cet enfant aux urgences de l’hôpital de Metz avait pris la précaution de rédiger la prescription antibiotiques nécessaire de cet enfant, avant de le renvoyer chez lui, c’est à dire avait fait son travail correctement, l’intervention n’aurait pas été utile.
Quand cessera cette pratique stupide qui consiste à ne pas rédiger les ordonnances de sortie nécessaires aux patients qui quittent un hôpital ? Et de les renvoyer chez leur médecin traitant pour un traitement immédiat, alors que l’on sait parfaitement que l’accès au médecin traitant n’est pas facile, que s’il y a un week-end, on peut attendre 4 jours etc.

Dans le même temps, le TGI de Guéret, le 13 novembre 2014, a condamné en chambre correctionnelle un ancien médecin chef des urgences de Guéret, à deux ans de prison avec sursis après le décès d’une jeune fille, le 30 octobre 2010.
Agée de 23 ans, la patiente avait été adressée à l’hôpital de Guéret par son médecin traitant avec un diagnostic d’embolie pulmonaire. Transportée en ambulance, la lettre de son médecin et l’électrocardiogramme qu’il avait pratiqué, l’accompagnaient et avaient été remis aux urgences.
À l’audience, le médecin-chef des urgences chargé de la jeune fille dès son arrivée ne se souvenait pas avoir lu le courrier de son confrère ; il avait demandé des analyses et sans prendre connaissance du résultat des analyses, l’avait laissée rentrer chez elle, à Aubusson (Creuse). Le lendemain, elle succombait à une embolie pulmonaire.
Une fois encore la négligence de transmissions médicales interprofessionnelles, semble bien être un élément majeur dans cette triste affaire. La lettre du médecin faisant état du diagnostic, l’électrocardiogramme le confirmant, la lecture des examens de labo, et sans doute aussi les informations données par la patiente qui était étudiante en pharmacie donc capable d’expliquer, autant d’éléments qui semblent bien, à l’issu de l’audience, ne pas avoir été pris en compte.

Les défaillances de communications interprofessionnelles sont pointées du doigt par l’OMS dans son rapport sur les grandes causes d’accidents médicaux. Et ça continue ! Alors que faire ? Comment s’assurer d’un système où chaque information serait bien lue et prise en compte ?
Il existe des systèmes de traçabilité rendant compte de la prise de connaissance des examens biologiques par les médecins qui les prescrivent. Les patients ont-ils reçus les bonnes informations pour repartir à domicile ? Les médecins traitants sont-ils informés de la « mise à la rue » de leur patient ? Les patients ont-ils droit à la parole ? Comment ? jusqu’où ? Comment aussi s’assurer que tout renvoi à domicile est bien motivé, alors que nous sommes à l’ère du retour précoce à domicile sous toutes ses formes (séjour ambulatoire, séjours hospitaliers les plus courts possibles, HAD).
Autant de questions auxquelles le programme national de sécurité des patients devrait apporter des éléments de réponse lorsqu’il sera enfin mis en œuvre par nos autorités chargées d’assurer la meilleure sécurité possible de nos soins. Quand ? il y a maintenant près de deux ans que nous attendons qu’il devienne réalité même si le programme proposé nous parait en dessous de ce que nous pourrions faire. Et nous en parlerons à nos prochaines rencontres.

Rendez-vous le 5 février 2015 aux États Généraux des infections noso et de la sécurité des patients. Inscriptions gratuites mais obligatoires.

Claude Rambaud

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