Le Temps de la RAM Newsletter n° 15 Juin 2017
extrait
la 70e Assemblée Mondiale de la Santé (AMS)
L’événement satellite de la société civile au cours de l’ouverture de l’AMS « Relever le Défi de la RAM »
Le lundi 22, sur le thème « Relevé le Défi » un séminaire satellite s’est tenu devant une salle bondée sur la problématique de la RAM. Organisé par The South Centre (le Centre Sud), une organisation inter-gouvernementale de pays en développement, le séminaire inclut la participation de Médecins Sans Frontières, la Drugs for Neglected Diseases initiative (DNDI), de Medicus Mundi International- qui avait invité ACdeBMR/WAAAR à s’exprimer, ainsi que le groupe universitaire ReAct. Centre Sud avait aussi invité deux représentants de Missions auprès des Nations-Unies : l’Inde et la Thaïlande.
Quelles propositions pour assurer une R&D efficace afin de lutter contre la RAM ?
Durant cet événement satellite « Relever le Défi de la Résistance Antimicrobienne (RAM) », les orateurs représentants de la société civile et des organisations intergouvernementales étaient ont centrés leurs interventions sur les moyens d’assurer que les investissements pour des antibiotiques, des vaccins, et des outils diagnostiques, de façon à les rendre plus durables, économiques, et efficaces.
France :
Garance Upham, vice-présidente de ACdeBMR/ WAAAR intervenante en dernier et invitée par Medicus Mundi International, quant à elle, avait décidé de ne pas aborder les questions de l’Accès et de la R&D amplement traitées par les orateurs précédents, et de ciblé son intervention sur l’aspect ‘épidémie’ des infections RAM. « Si un patient, ou un animal dans la production industrielle, mort d’une infection pharmaco-résistante, cela n’en fait pas une épidémie ! » Pour que la RAM atteigne le statut d’épidémie(s), il faut qu’il y est ‘transmission’, de patient à soignant, de patient à patient… De même en santé animale.
L’autre voie pour les épidémies d’infections RAM, c’est via l’environnement, la chaîne alimentaire, essentiellement par négligence dans le (non) traitement des déchets.
Pour arrêter une épidémie, ce qu’il faut avant tout, c’est des structures de soins de santé propres, des systèmes de contrôle infectieux performants, et des législations empêchant le rejet de déchets provenant de la fabrication industrielle d’antibiotiques dans l’environnement (notamment les cours d’eau) et, pire encore, le rejet de déchets organiques contenant des bactéries résistantes aux antimicrobiens dans les sols et les rivières (déchets de centres de soin et surtout déchets agricoles, d’animaux) ceci sans traitement adéquate.
Sur le thème de la lutte contre la RAM, il y a un étrange silence sur le fait que des conditions plus hygiénique de production industrielle d’animaux pour la viande, serait plus efficace que les antibiotiques comme promoteurs de croissance ou métaprophilaxy. Qu’est ce qu’on attend ?
Le contrôle infectieux dans les structures de soin est tout en haut de la liste des priorités du GAPAMR (le plan d’action voté à l’AMS précédemment), pourtant seule une petite poignée de pays membres ont mentionné le contrôle infectieux durant leur intervention à l’ONU le 21 septembre dernier.
Donc c’est négligé de tous…
Beaucoup d’effort contre Ebola sur le moment, mais des services de santé aussi délabrés qu’avant la flambée, avec zéro effort de la communauté internationale pour empêcher un retour d’épidémies contagieuses par un effort conséquent sur la propreté des soins.
Anthony D. So, directeur du ReAct-Action on Antibiotic Resistance Strategic Policy Program, et directeur de financement de la Innovation and Design Enabling Access (IDEA) initiative dans le Département de la Santé Internationale à la John Hopkins Bloomberg School of Public Health, a exprimé son point de vue sur la stratégie de rationner les antibiotiques par l’inflation des coûts, qu’il considère inefficiente et pernicieuse. Selon lui, une stratégie de découplage serait essentielle entre les coûts et financement de la R&D d’une part, et la fixation et revenus par la mise sur le marché d’autre part. Et ce découplage serait plus approprié pour stimuler la R&D. En effet, tandis que 80% du retour sur investissements est attendu de la R&D dans le domaine médical, seulement 7% est assuré par celle sur les antibiotiques. Dès lors, il s’agit de garantir un taux de rendement des investissement attractif et raisonnable à condition que ceci permette le ‘Bon Usage’ et l’accès durable.
Michelle Childs, chef de la plaidoyer des politiques pour Drugs for Neglected Diseases initiative (DNDi), a soutenu l’appel du Dr. So pour des incitations nouvelles et un financement durable pour l’innovation, comprenant le découplage entre coûts de la R&D et tarification des médicaments. Pour elle, les incitations actuelles de la R&D sont inadéquates pour assurer l’accès dans un système basé sur la propriété intellectuelle et donc sur le volume des ventes. Dr. Childs soutenait également la possibilité de transférer la propriété intellectuelle pour certains médicaments.
Els Torreele, directrice exécutive de MSF, a souligné que les innovations médicales ne sont appropriées que dans le cas où elles sont accessibles pour ceux qui en ont le plus besoin. En effet, Torreele déplore le manque d’outils diagnostiques et l’accès difficile aux vaccins en particulier à cause de leurs prix exorbitants. C’est pourquoi elle exige que l’approche One Health / Une Seule Santé devienne une approche « Un seul monde », qui prend mieux en considération le besoin spécial des patients, où qu’ils soient dans le monde.
(reportage Thibault de Gabiole)
WASH : Water, Sanitation, Hygiène (Eau – Assainissement sanitaire – Hygiène, une expression trop souvent oubliée quand on parle de la RAM.
Le Droit à la Santé pour Tous demande que l’on fasse beaucoup plus attention aux droits des patients, au bien être des soignants et à leurs conditions de travail.
Notes :
Rapport de l’OECD parlant hygiène et bonne pratique pour l’élevage, rapport de Aude Taillant, AMR Control 2015.
En 2015, ACdeBMR/WAAAR avait organisé un événement satellite au cours de l’AMS sponsorisé par l’Afrique du Sud, le Nigéria, le Kenya, le Sierra Leone et les USA. D’Ebola à la RAM : le besoin de renforcer le contrôle infectieux ! Les orateurs invités avaient été Ed Kelley, Directeur OMS Sécurité des Patients /HS, par le Dr Brima Karqbo, DG Systèmes de Soin, Sierra Leone, (qui a cette occasion a souligné que les soignants morts d’Ebola l’avaient été par manque de grants et de systèmes de contrôle infectieux dans les structures de soin ordinaires), et le Dr Mitchell Wolfe, Sec. Gén. Adjoint Santé Globale, Administration des USA, avec une brève introduction du Dr Margaret Chan, alors DG OMS.