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Le journal de l’INSERM Actualités 2 juin 2020

2 juin 2020

Le journal de l’INSERM
Actualités Inserm 2 juin 2020

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Le SARS-CoV-2 prêt à disparaître à l’été, vraiment ?

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Le SARS-CoV-2 prêt à disparaître à l’été, vraiment ?

Le SARS-CoV-2 est-il amené à disparaître avec l’arrivée de l’été ?
Alors que la phase 2 du déconfinement débute tout juste et que l’épidémie semble ralentir, une idée revient régulièrement sur le devant de la scène : les beaux jours pourraient être synonymes d’une diminution du taux de reproduction de base du virus, comme c’est le cas pour d’autres dont la transmission est mieux documentée, notamment les virus influenza impliqués dans la grippe saisonnière.

La question de la saisonnalité des virus est étudiée depuis longtemps par les scientifiques, mais de nombreuses interrogations demeurent. Certains virus sont associés à des pics épidémiques à des périodes spécifiques de l’année : outre l’exemple de la grippe, on peut aussi citer le poliovirus qui, en l’absence de vaccin, entraîne une augmentation du nombre de cas de poliomyélite particulièrement en été et à l’automne. Le virus de la rubéole est associé à un nombre plus important d’infections au cours des mois d’avril et de mai. De manière générale, ainsi que l’indiquait déjà une étude parue dans The Lancet Infectious Diseases en 2004 à la suite de l’épidémie de SARS en Chine, une saisonnalité peut être observée pour la plupart des virus respiratoires bien établis, qui apparaissent dans la population de manière cyclique. En l’absence de recul nécessaire, cette tendance est un peu moins claire en ce qui concerne les virus émergents comme le SARS-CoV-2.

La saisonnalité des coronavirus
Des travaux publiés sur les autres coronavirus humains permettent toutefois de dessiner quelques pistes intéressantes pour appréhender comment la diffusion du SARS-CoV-2 pourrait être amenée à évoluer au cours de l’été. Une étude parue début avril dans The Journal of Infectious Diseases s’est ainsi penchée sur quatre des sept types de coronavirus connus pour infecter l’humain et responsables de pathologies respiratoires peu sévères. Les auteurs ont recensé 993 infections par ces virus aux États-Unis, entre 2010 et 2018. Toutes ces infections ont été observées entre les mois de décembre et de mai, avec un pic en janvier et en février. Ces travaux font écho à une étude publiée en 2018, qui s’était penchée sur les infections par le MERS-CoV au Moyen-Orient entre 2012 et 2017, montrant qu’une certaine saisonnalité du virus peut là aussi être observée, avec un pic entre avril et juin.

Il est donc possible d’imaginer que l’épidémie de SARS-CoV-2 puisse progresser également de manière différenciée selon les saisons. Une étude publiée dans le journal Science au mois de mai va d’ailleurs en ce sens. S’appuyant sur les données disponibles à propos de la saisonnalité des coronavirus OC43 et HKU1 qui peuvent être à l’origine de rhinopharyngites (et, dans certains cas, de pneumonies), les chercheurs ont modélisé la diffusion possible du SARS-CoV-2. Les résultats suggèrent que ce virus est capable de causer des épidémies à tout moment de l’année en l’absence de mesures de distanciation sociale ou d’une immunité durable, mais que l’automne et l’hiver sont des saisons plus propices à une recrudescence importante du nombre de cas.

Facteurs environnementaux et comportementaux
Quels sont les facteurs permettant d’expliquer la saisonnalité de certains virus ? Cette question est centrale si l’on souhaite mieux comprendre la diffusion des maladies infectieuses et prédire les pics épidémiques au cours de l’année. Pour en apprendre plus sur la saisonnalité du SARS-CoV-2, il est nécessaire d’examiner différents facteurs environnementaux et biologiques ayant une influence sur les flux épidémiques, du climat au comportement des populations, en passant par les variations du système immunitaire des individus au cours du temps, et de s’intéresser à la manière dont ces facteurs se combinent pour favoriser la transmission du virus.

Plusieurs travaux sur la saisonnalité des virus suggèrent que le climat et les conditions météorologiques pourraient jouer un rôle. Dans les milieux tempérés, un climat froid et sec en hiver serait associé à une transmission plus importante de certains virus.
Concernant le SARS-CoV-2, une étude chinoise publiée dans Science of the Total Environment à la fin du mois d’avril, à partir de données collectées dans 166 pays, suggère que la température et l’humidité sont des facteurs à considérer dans la diffusion de l’épidémie. Ainsi, un degré de plus serait associé à une réduction de 1,5 à 4,6 % du nombre de cas quotidiens, et de 0,44 à 1,95 % du nombre de décès quotidiens. Par ailleurs, 1 % d’humidité supplémentaire serait associé à une baisse de 0,51 à 1,19 % du nombre de cas par jour.

À noter toutefois que compter sur des changements météorologiques favorables pour espérer une amélioration de la situation sanitaire n’est pas une position tenable, selon les chercheurs : les mesures de prévention et de contrôle des sources d’infection demeurent indispensables.

Claude Rambaud

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