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COVID-19 : Prescrire fait le point sur l’efficacité de l’hydroxychloroquine associée ou non avec l’azithromycine, essai médicamenteux en cours

26 mars 2020

Prescrire : Depuis janvier 1981, la raison d’être de Prescrire est d’apporter aux professionnels de santé, et grâce à eux, aux patients, les informations claires, synthétiques et fiables dont ils ont besoin, en particulier sur les médicaments et les stratégies diagnostiques et thérapeutiques.

Prescrire clarifie la situation au 23 mars sur l’efficacité de l’hydroxychloroquine associée ou non avec l’azithromycine.

In fine Prescrire recommande :
En pratique, pour chaque patient, l’efficacité, hypothétique, est à mettre en balance avec les effets indésirables déjà connus et prévisibles du médicament proposé, en tenant compte aussi d’éventuels effets défavorables sur l’infection.
Sans oublier les interactions avec les autres médicaments pris par le patient.

Le texte complet :
https://www.prescrire.org/fr/203/18…

Covid-19 et essais de médicaments : que faire des premiers résultats d’évaluation ?

Dans l’actualité Au 23 mars 2020, on ne dispose pas de résultats d’essai pertinent montrant une éventuelle efficacité de l’hydroxychloroquine associée ou non avec l’azithromycine.
Des résultats d’un essai randomisé n’ont pas montré d’efficacité de l’association lopinavir + ritonavir en cas de covid-19 sévère. *

Avant d’en savoir plus, il est important de mettre l’efficacité hypothétique du médicament proposé en balance avec ses effets indésirables déjà connus et prévisibles, pour éviter d’ajouter du mal au mal.

Divers médicaments sont proposés en traitement de l’infection covid-19 par le SARS-CoV-2.
Au 23 mars 2020, l’hydroxychloroquine (Plaquenil°), un dérivé de la chloroquine (un antipaludique), qui a aussi un effet immunodépresseur faible, et l’azithromycine (Zithromax° ou autre), un antibiotique macrolide, sont mis en avant.

L’intérêt de l’association antirétrovirale lopinavir + ritonavir (Kaletra° ou autre) a été évoqué, du fait de son effet antiviral in vitro contre des coronavirus.

Concernant la chloroquine et son dérivé l’hydroxychloroquine, environ une vingtaine d’essais cliniques figurent dans les registres d’essais depuis début février 2020, surtout en Chine.

Au 23 mars 2020, aucun résultat d’essai comparatif randomisé n’a été publié.

Des résultats d’une étude française débutée le 5 mars 2020 ont été rendus publics le 20 mars 2020. Son objectif principal était d’étudier le portage du virus chez des patients traités par l’hydroxychloroquine.
Cette étude n’est pas un essai randomisé et les patients du groupe témoin semblent avoir été recrutés de façon très différente de ceux du groupe hydroxychloroquine, ce qui rend la comparaison peu pertinente.

Parmi les 26 patients qui ont reçu l’hydroxychloroquine : 3 patients ont été transférés en réanimation ; un patient est mort.
Deux autres patients ont décidé de ne plus participer à l’étude.
Aucune évolution de ce type n’est décrite parmi les 16 patients témoins.
Dans le groupe traité par l’hydroxychloroquine, parmi les 18 patients dont la date de début des symptômes est connue, le délai médian avant non-détection du virus dans la gorge a été de 7,5 jours, avec un large intervalle de confiance.

Faute de groupe témoin recruté selon un protocole semblable et avec un suivi dans les mêmes conditions, on ne sait pas si ce délai est plus court ou non qu’en l’absence d’hydroxychloroquine.

Dans cette étude, chez les 6 patients qui ont pris de l’azithromycine en plus de l’hydroxychloroquine, ce délai médian a été de 7 jours.
Au 23 mars 2020, il n’a pas été publié d’autres données d’évaluation chez les patients atteints de covid-19 étayant l’utilisation de l’azithromycine.

Par ailleurs, les résultats d’un essai randomisé de l’association lopinavir + ritonavir (Kaletra° ou autre) en plus du traitement standard, versus traitement standard seul chez 199 patients hospitalisés en raison d’un covid-19 sévère ont été publiés le 18 mars 2020.
Les taux d’amélioration clinique et de mortalité ont été similaires dans les deux groupes.

Les résultats des essais comparatifs randomisés déjà menés en Chine, puis de ceux qui débutent en Europe et en Corée du Sud devraient nous aider à y voir plus clair.

Quelle que soit la situation, en cas d’expérimentation, les patients (ou leur entourage) ont à être informés des incertitudes, y compris quant au risque d’aggravation de la maladie tant que cet aspect n’a pas encore été évalué.

Il est souhaitable que toute expérimentation soit effectuée dans un cadre de recherche avec protocole, collecte des données, interprétation prudente.

En pratique, pour chaque patient, l’efficacité, hypothétique, est à mettre en balance avec les effets indésirables déjà connus et prévisibles du médicament proposé, en tenant compte aussi d’éventuels effets défavorables sur l’infection. Sans oublier les interactions avec les autres médicaments pris par le patient.

Prescrire : indépendance et transparence au service des patients
Le groupe de professionnel Prescrire est animé par des professionnels de santé particulièrement vigilants quant à l’indépendance de la formation des soignants, qu’ils tiennent fermement à protéger des intérêts contradictoires qui influencent le monde médicopharmaceutique.

Le LIEN remercie l’équipe PRESCRIRE pour la publication de cette information au moment où le débat animé dans les médias à propos des possibilités de traitements par l’hydroxychloroquine associée ou non avec l’azithromycine , est tout à fait incompréhensible et source de confusion pour les patients.

Claude Rambaud

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